[Presse] La féérie de GemmAnick – La Gazette des Arts (oct 2014)

Gazette des Arts

De l’éveil au firmament : la féerie de Gemmanick !

Par Chantal Guionnet (La Gazette des Arts n°19 – octobre 2014)

La vie de Gemmanick est un roman tourné vers la lumière. Issue de familles pionnières, Harbulot et Creugnet, qui ont participé – depuis plus d’un siècle – au développement de cet univers mélanésien d’Océanie qu’est la Nouvelle-Calédonie… Née à Nouméa, l’artiste fut marquée par cet environnement insolite, par ces mines de nickel à ciel ouvert qui font de cette capitale, l’une des villes les plus industrialisées de l’Outre-mer français. De ces diverses strates, comme autant de sédiments fertiles qui nourrissent l’imaginaire, Gemmanick garde en mémoire l’authenticité, l’appel de cette nature féconde et mystérieuse, la beauté du lagon… Empreinte sur fond des mers du Sud qui suscite émoi et satisfaction de l’âme révélée par la quintessence.

Tout commença, en 1963, par un choc, une émotion vécue. Une frénésie qui s’empara de son être comme une fièvre dévorante perçue telle une force mystique à laquelle il fallait s’adjoindre, porter à la lueur de l’espérance, décrite alors comme une sagesse qui use habilement des leçons du passé et de la vigueur du présent pour agir sur l’avenir. Car être de lumière, à l’esprit visionnaire, Gemmanick – dans son discours pictural – fait élever les consciences.

La fulgurance de son verbe séduit, dès les années 70, Seiji Togo, membre de l’Académie des Beaux-Arts du Japon qui promeut son art, l’expose. Son nom s’affiche alors au sommet d’un gratte-ciel et dans les rames du métro de Tokyo, pour une exposition ayant lieu à la galerie Nichido, sur la célèbre Ginsa. Son travail symbolique ne ressemblant à aucun autre fait alors vibrer le cœur du pays du soleil levant. Récompensée par le grand prix du Nika Kai, elle s’envolera vers d’autres destinées, dictée par son instinct et sa foi en l’humanité. Arrivée à Paris, elle montre son travail, rue de la Paix, à la galerie Vendôme. Médaille Vermeil de la Ville de Paris, notons pour l’histoire que son tableau Carnaval sous la mer fut la première œuvre d’un artiste ultra-marin à être tissée à Aubusson.
A l’instar du célèbre Cagou huppé à fière allure, oiseau mythique de sa terre natale, elle répondra à l’écho de ces voix intérieures qui peuplent son imaginaire. Nommée l’Irlandaise des Tropiques par Armand Lanoux, académicien du Prix Goncourt, cette infatigable égérie n’a de cesse de transcender l’invisible pour le rendre palpable au travers d’un symbolisme, toujours plus flamboyant d’intensité et de découverte.

Cinquante ans d’une carrière riche et prospère où chaque manière de peindre correspond donc à une tranche de vie précise. Aux Paysages exotiques de son enfance bercée entre la Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles-Hébrides aux Nuances, fables qui révèlent un monde mystérieux en passant par le style Bâton inspiré de sa fascination pour les composants linéaires de l’écriture japonaise ou les Arabesques qui manifestent la renaissance, Farandole sous la mer ou encore Symboles et mystères voire les Vibrations qui se sont substituées aux allégories sous-marines, surgit l’immanquable expression du Gemmanisme décrit comme l’écriture d’un temps nouveau.
Dire que la peinture de Gemmanick est un voyage au long court est trop peu si l’on ne perçoit pas la dimension spirituelle qui y transparaît, la cosmogonie qui nous transcende. C’est la projection vers un monde fantastique, d’éphémères légendes s’offrant à nous comme autant de lendemains qui nous surprendront toujours… Et maintenant, Quadrellus est là, pour nous émerveiller !